mardi 12 juillet 2016

« Résiste, prouve que tu existes »

10 mois et un second bilan (pas piqué des vers).

Lors de mes deux séminaires réunissant pleins de volontaires de toute l’Allemagne, j’ai su qu’il existait des projets où la personne était vraiment considérée comme un « plus » dans l’équipe (pas roue de secours/bouche trou) et pouvait évoluer comme elle le souhaitait.

Pour un projet de 12 mois (et même de 3) de VOLONTARIAT il me semble que la base est :

- Etre intégré et pouvoir être accompagné par un tuteur/trice sur place qui a vraiment envie de jouer ce rôle de « liant » entre la personne et sa nouvelle vie. Ce peut être une personne désignée d'office  dès le départ mais aussi plus tard un collègue avec lequel on s'entend bien. Dans tous les cas, cette personne doit valoriser votre projet et vos acquis, et pas chercher seulement à profiter au max de votre disponibilité (pour en faire moins de son côté). 

- Avoir une marge d’initiative. Ce qui signifie ne pas être soumis chaque jour (chaque heure de mon côté) aux desiderata de collègues qui te demandent d’aller où ils souhaitent ou de faire à la place d’un absent. Bref, ne pas être dans le rôle d’un salarié fantôme ni dans celui d'un robot obéissant qui en vient à perdre toute motivation de se lever le matin sachant à l’avance que l’attend une journée de stress.
J’en viens à redouter le moindre « _ Liebe Sara, würdest du ? » (Ma chère Sara, voudrais tu ?), suivi au choix : aller dehors, aller dans les toilettes pour le brossage de dents, nettoyer la table, remplacer la collègue qui part en pause etc.
Ca me donne juste le sentiment d’être incompétente (si on a besoin de me guider sans arrêt c’est que je ne peux pas décider seule) et ça me frustre aussi dans mes actions. Ex: je commence quelque chose avec les enfants et deux minutes après : «_ Liebe Sara … » , ce qui fait que je dois les laisser en plan. A cette question je pense n’avoir jamais répondu « non » pour la simple et bonne raison que c’est plus une injonction déguisée qu’une véritable question ouverte. Et puis c’est difficile de dire « non » pour accompagner les enfants dehors alors qu’ils sont surexcités et que le niveau de décibels dans la salle atteint un concert de heavy métal.

- Et donc, très important, ne pas avoir les mêmes responsabilités que les salariés mais être « reconnu » par tous comme volontaire et lutter si besoin est pour faire ce qui avait été inscrit sur votre contrat. J’ai eu droit à la remarque : « Donne voir ?! C’est la première fois que je vois ça. (3 ans que la structure accueille des volontaires, il était temps de voir un contrat de volontariat) Ah mais c’est juste un modèle de planning-type, c’est évident que c’est différent dans chaque endroit ». Histoire que tu avales facilement la pilule et que tu fasses ce qui leur chante.

- Avoir droit à des cours de langues pour un volontariat à l’étranger. Malheureusement ERASMUS + ne finance plus ces cours pour les pays comme l’Allemagne, l’Espagne etc. où la langue peut être apprise au lycée. A la place tout volontaire peut se connecter à un service gratuit de leçons en ligne. Mais d'un avis partagé par les volontaires, les thèmes abordés ne sont pas forcément proche de nos préoccupations une fois passée les leçons de base, et on s'ennuie vite seul face à son ordi.
J’ai donc dû attendre patiemment (8 mois) pour bénéficier de cours d’allemand qui restent une de mes meilleures expériences en terme d’intégration. J’ai payé un supplément de 80 euros pour ces cours (qui avaient lieu 2 fois par semaines durant 2 mois) avec un livret obligatoire à acheter, ce qui reste une somme correcte.

- Avoir un coordinateur/trice ou tuteur/trice dans ta structure d’accueil qui te soutient vraiment et n’est donc pas totalement relié à l’endroit où tu travailles. Sinon tout ce que tu diras sera tourné en leur faveur. Ex : Ta collègue est en arrêt maladie depuis un mois, personne ne la remplace et tu te retrouves à gérer difficilement le groupe d’enfants. On te rétorquera que toi aussi tu as été malade et qu’il faut faire avec.
Car bien sûr on ne va pas pointer du doigt les problèmes d’effectifs depuis des mois ni le fait que les volontaires sont bien pratiques dans ce genre de situation.

- Avoir du plaisir !? :) Tu as décidé de mettre ta vie en stand-by un an pour faire ce que tu penses être une expérience unique. Tu t’es battu pour que ta candidature soit retenue et que ton projet voit le jour. Tu as quitté tous tes repères, tes proches, pour découvrir une autre part de toi et faire de belles rencontres. Ce n’est pas pour te sentir seule et prise au piège 35 h par semaine.

A l’heure où le service civique est portée aux nues par certains politiques (et j’ai été la première à postuler pour un volontariat avec Unis-Cité après la fac) qui y voient un tremplin pour se lancer dans la vie active, où Erasmus + donne la chance d’obtenir une bourse pour partir un an à l’aventure et se sentir citoyen européen, il faut à tout prix redonner au mot « volontariat » sa vraie valeur sinon c’est juste l’entourloupe du siècle. 


Petite description du service volontaire européen d'après le site Erasmus +.
  

J’ai la tête dans le guidon jusqu’au 8 août puis j’aurai le temps de regarder le chemin parcouru avant de reprendre pour la dernière ligne droite jusqu’à fin septembre. L’occasion de dresser alors un bilan final (sans doute sous forme « positif/négatif » comme la première fois).


D’ici là comme les tournesols, je reste tournée vers le soleil et j’espère vivre encore pleins de bons moments.




Bis bald :)


Bonus : 




Mes cours de danse orientale se terminent fin juillet. A placer aussi dans les expériences positives de cette année. Merci à Inara, ma prof allemande. 



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